Le lieutenant Michel, charismatique chef du groupe Jean Robert, résistant de la 1ère heure venant de Libourne, pensait toujours aux actions à venir et aux moyens à mettre en œuvre pour les préparer au mieux.
Aussi a-t-il saisi l’occasion de récupérer deux voitures de la Gestapo avec sept autres compagnons afin de quitter Tulle le 8 juin au soir en direction de la croix de Bar. D’autant qu’ils avaient remarqué que les coffres étaient bourrés d’explosifs, d’armes, et de munitions. Quelle aubaine pour eux si peu armés n’ayant pas eu de parachutages de Londres, la vallée encaissée de la Vézère ne s’y prêtant sans doute pas. Notre résistant savait que les FTPF avaient ordre de faire le plus de sabotages possibles sur les voies de communication et en particulier sur la ligne de chemin de fer Toulouse-Paris afin de retarder les troupes occupantes qui montaient sur le front de Normandie.
Le 9 juin au matin, après avoir passé une nuit dans une cabane au milieu de bois, le lieutenant Michel dans la Citroën avec Léon Gandreuil, Raymond Monteil et ? Magne ainsi que Rescapé avec trois autres gars du groupe Jean Robert dans la Peugeot récupérée, partent en direction du camp du Vaysse, commune d’Orgnac.
En traversant la nationale 20 à hauteur du Bariolet, la Citroën est arrêtée par un détachement de la Das Reich. Les quatre résistants, prisonniers, sont conduits à Uzerche, là où se trouve le général Lammerding qui a réquisitionné la maison d’Henri Laporte, tanneur. Cette demeure se trouve entre la Vézère et la nationale 20, quelques centaines de mètres avant le tunnel.
Les occupants de la Peugeot, avertis de cette arrestation par des femmes, ont le temps de quitter la voiture, de s’enfuir dans les bois, les balles SS sifflant au-dessus de leurs têtes. Ils rentreront sains et saufs à leur camp de base.
Le général Lammerding décide de faire pendre le lieutenant Michel à un lampadaire accroché au mur de soutènement d’une rue donnant sur la RN20, juste en face des fenêtres du salon qu’il occupe et où il reste longtemps à regarder l’agonie de ce jeune Français. (photos ci-dessous prises en mars 2014)
Le père de Gerhard Leo, membre de la commission « crimes de guerre nazis » dès la fin de l’année 1944, tenait le SS Lammerding pour l’un des plus hauts responsables des massacres de masse.
Si vous allez consulter le site du mémorial de Dachau, en écrivant le nom de Raymond Monteil, vous verrez que ce malheureux jeune homme, parti de Compiègne le 2 juillet 1944 en direction de Dachau dans le sinistre « train de la mort », (ainsi appelé car beaucoup de prisonniers sont morts de soif ou asphyxiés en cours de route), est arrivé à Dachau le 5 juillet 1944 puis a fait partie des malheureux envoyés dans le Kommando d’Hersbrück à partir du 15 août 1944, Kommando extrêmement dur, au plus fort taux de décès (86%). Il y est d’ailleurs décédé le 11 janvier 1945 : Il n’avait que 20 ans.
Quant aux deux autres personnes présentes dans cette voiture, plus de trace d’eux. Mais on sait que dans ce train tristement nommé, tout le monde n’avait pas été répertorié et des corps n’ont pu être reconnus.