En novembre 2016, un membre de notre comité ANACR secteur d’Objat reçoit une lettre manuscrite de monsieur Rémy Landy (9 ans en 1944) accompagnée d’un témoignage.
Nous vous le mettons ci-dessous tel que nous l’avons en notre possession.
« Souvenir anodin de 1944 : les deux malles.
Un certain jour de juin 1944, le petit Rémy, 9 ans, regarde par la fenêtre de la chambre, en haut de sa maison (C’ est maintenant au 4 rue de la Forge à Voutezac). Sur la route du Saillant, au tournant des Mégenies, il aperçoit un convoi militaire qui monte lentement : les Allemands !
Plus tard dans la matinée, par la fenêtre de la cuisine, il les regarde installer leur mitrailleuse, juste devant, dans le pré qui jouxte la maison Gargot. De quoi balayer d’une rafale la route d’Objat (car il n’y avait pas encore le futur garage Raynal pour boucher la vue) et même au besoin celle de Ceyrat.
Plus tard encore, on frappe à la porte d’entrée. Quand la maman du petit Rémy ouvre la porte d’entrée, trois hommes se présentent : deux Allemands en uniforme et, en civil, le triste Français milicien qui interroge :
-« Votre nom ?
-Landy.
-Où est votre mari ?
-Prisonnier de guerre en Allemagne à Lübeck, oflag XC. ( heureusement, ils ne savaient pas que, du côté de mon père, mes deux oncles étaient à Buchenwald / Dora et que mes deux tantes étaient à Ravensbrück, camp dont l’une ne reviendra pas).
-Connaissez-vous un certain Maurice Monteil ?
-Non ; vous confondez peut-être avec le nom d’un village des environs. » (cette réplique, ma chère Maman, cela n’était pas la peine de la dire, et elle pouvait même être dangereuse pour les habitants de ce hameau l)
Et maintenant, les « Boches » et leur acolyte vont- ils entrer pour perquisitionner ? On peut tout craindre depuis leur terrible passage d’avril* ! Mais non, ils repartent : ma mère a dû leur paraître naturelle et sincère – et personne n’a dénoncé notre écoute quotidienne de la << radio des Anglais », celle qui nous prévenait par son slogan : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand » ; et puis, s’appeler Landy, ce n’est pas Corrézien, mais c’est tout de même plus sûr que Weil ou Lévy !
Or nous l’avions, sans le savoir, échappé belle. Dans notre garage se trouvaient deux grandes malles abandonnées là en 1940, au moment de sa fuite vers les Etats-Unis, par le père d’une jeune femme, [en ce temps-là épouse de l’un de mes oncles, mais plus tard maîtresse d’un officier allemand et probablement dénonciatrice de leur réseau de résistance parisien.] Parti sans laisser d’adresse, jamais il ne revint nous voir, ni en 1945, ni plus tard.
Après son retour de captivité, mon père finit donc par ouvrir les malles où l’on découvrit…deux revolvers. Ce fut une belle peur rétrospective ! »
* Voir événements du Saillant ( + archives Avril 2016,2015,2014)
Nous adressons nos remerciements à monsieur Landy pour ce témoignage et pour la confiance qu’il nous témoigne en nous permettant de le porter à la connaissance de tous.