Nous avons parlé, à plusieurs reprises sur ce site, de Résistants du groupe Jean Robert qui ont eu une fin tragique dans les bois du Vaysse : « Mario », abattu en avril 1944, « Toutou » exécuté après avoir été torturé en juin 1944.
Nous avons parlé de « Michel », le « pendu d’Uzerche », le même jour que les pendus de Tulle, de «Mataf », grièvement blessé en janvier 1944, mort de retour à Casablanca en 1945. ( voir « historique » sur la page d’accueil)
Nous avons parlé, bien sûr, de « Barnabé » et de « Blazy », arrivés dans nos bois dès la création du camp du groupe Jean Robert par « Jo » Guérin, en novembre 1943, le premier, réfugié lorrain, le deuxième, venant de Villeurbanne. Ils ont été de toutes les attaques auxquelles ont participé ce groupe. Ils étaient à Tulle le 7 et 8 juin 1944. Ils étaient à quelques mètres des Allemands quand Toutou a été arrêté et que Rescapé a tiré sur un soldat allemand à Rouffignac d’Orgnac le 16 juin 1944.
Ils n’ont pas eu à déplorer de blessure grave et ont pu poursuivre les Allemands jusque dans « la poche de Royan », plus précisément du côté de la Pointe de Grave, à Port Richard dans le Médoc, et même jusqu’en Alsace. Mais ils sont ensuite revenus à Vignols, à la fin des hostilités, Barnabé le très jeune réfugié lorrain, Blazy, venu de Villeurbanne pour fuir le STO en Allemagne.
René Chaillet, dit Barnabé, est revenu à Vignols pour se marier avec Thérèse Singens qui faisait partie des légaux et servait d’agent de liaison pour le groupe J Robert (elle avait donné les 1ers soins à Mataf et l’avait caché dans une grange chez ses parents avant qu’il ne soit conduit à Clairvivre pour être opéré).
Deux anecdotes à propos de René Chaillet qui se situent juste après la guerre :
- Il travaillait aux Carrières de Vignols avec Robert Fritte, un autre réfugié, mais quand celles-ci ont fermé définitivement, ils ont été employés temporairement par la mairie afin de créer le stade de football à l’emplacement actuel. Ils travaillaient sous les ordres de l’entreprise Terrier et ont creusé et tracté des brouettées et des brouettées de terre. Le stade a été opérationnel dès 1947 et est toujours utilisé.
- Si vous avez lu, sur ce site, le témoignage de Barnabé, vous savez qu’il était excellent cycliste. Toujours dans ces années d’après guerre, il participait à des courses cyclistes les jours de fêtes votives et une Vignolaise se souvient de quel plaisir c’était de voir sa jolie petite fille Christiane l’encourager et applaudir à ses victoires.
André Mérat, dit Blazy, est lui aussi revenu à Vignols pour se marier en 1947 avec Jeanne Vigier dite Jeannette. Elle aussi aidait les Résistants avec sa mère. Elles ont d’ailleurs été arrêtées par la milice et conduites à Brive puis à Tulle en même temps que Madame Villeneuve et que monsieur Gérodolle le boulanger de Saint-Solve. Heureusement, elles ont été relâchées assez vite. Monsieur et madame Mérat ont habité quelques temps à Saint-Solve puis sont partis à Villeurbanne où il a repris son métier. Mais encore une poignée de Vignolais se souvient d’eux et de leurs enfants car ils revenaient tous les ans passer les vacances d’été sur la commune de Vignols.
Monsieur Chaillet et monsieur Mérat nous ont quittés il y a quelques années. Nous avons eu la chance de pouvoir recueillir le témoignage de René Chaillet il y a 15 ans. Par contre, nous n’avons pas pu enregistrer celui d’André Mérat. Quand il venait en vacances, nous le voyions toujours avec le sourire, toujours aimable, participant à la vie du village, mais il ne souhaitait pas parler de ses années de guerre, souhait que tout le monde respectait bien sûr. Nous ne possédons pas de photo de lui non plus si ce n’est celle où il est assis à côté de Mario dans les bois du Vaysse en novembre 1943 ou celle où il accueille Gerhard Leo dit « le Rescapé » avec certains de ses copains du maquis à la stèle de la Garédie des années après son temps de Résistance.