Souvenons-nous, nom de code « Michel »

Monsieur Touron, nom de code « Michel » nous a quittés le 5 janvier 2011.

  • Il ne nous parlait que peu de ses faits de Résistance. Pourtant il fut l’un de ceux à être obligé de se cacher à cause de sa lutte active contre l’occupant et de ses opinions politiques.

Il n’a pas fait partie du groupe « Jean Robert » mais il connaissait « Jo » Guérin car ils se croisaient souvent dans la clandestinité puisqu’il faisait la liaison entre les différents camps de maquisards de la Corrèze. Dans son témoignage mis sur ce site,(cliquer sur « témoignages » dans la page d’accueil), il nous a d’ailleurs raconté l’avoir blessé accidentellement par deux fois, heureusement sans gravité! Sa « maladresse » était due au fait qu’il n’avait, pour des raisons de service (transmission des plis), reçu aucun entraînement au maniement des armes mais avait dû se résoudre à en avoir une à partir de l’intensification de la lutte armée.

Il connaissait d’ailleurs certains membres du groupe Jean Robert puisqu’ils se retrouvaient sur des actions comme des sabotages. Par exemple, « Michel » avait participé à l’attaque du train à Allassac. Nous reparlerons plus tard des contacts qu’il a conservé tout au long de sa vie avec Gerhard Leo dit « Rescapé » (voir « historique »).

  • Il ne nous parlait pas plus des médailles ou distinctions reçues. Récemment, madame Touron a bien voulu nous montrer des photos prises lors de la cérémonie de sa remise de la légion d’honneur à la RATP, cérémonie à laquelle assistaient, entre autres, monsieur Ouzoulias ALBERT, colonel André dans la Résistance, qui l’a décoré. Mr Claude Quin, Président de la RATP de l’époque, était venu le saluer. Monsieur Gerhard Leo, n’ayant pu venir en France en cette occasion, lui a écrit une lettre de félicitations… ce qui a touché monsieur Touron.

Ci-dessous, Baptiste T. lisant son allocution de remerciements, ALBERT OUZOULIAS à la droite de la photo au premier rang, madame Touron derrière lui. (cliquer sur la photo pour la voir en entier ).

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Pierre Guérin

Nous tenons à parler à nouveau  de monsieur Pierre Guérin en ce mois de novembre 2013.

En effet, voilà déjà quatre ans que « Jo » nous quittait, le 22 novembre 2009. Madame Guérin a eu la gentillesse de nous confier des photos d’une cérémonie, importante pour elle comme pour nous, qui s’est déroulée à Objat il y a 30 ans. 

Ce 14 juillet 1983, Monsieur Guérin est fait chevalier de la légion d’honneur et reçoit cette décoration des mains de Roger Lescure, compagnon de la Libération, commandeur dans l’ordre de la légion d’honneur devant le Monument aux Morts d’Objat, situé à l’époque en face de l’église.

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Octobre 1943, il y a 70 ans.

Monsieur Pierre Guérin, 22 ans en 1943, réfractaire au STO, est venu se réfugier dans de la famille qu’il avait à Saint-Solve, à côté du Vaysse. Il venait de Paris.

Après son séjour à Fanlac, devenu un des cadres de la Résistance en Corrèze, il a été chargé de créer un détachement d’une dizaine de Résistants qui venaient du camp de Grandel du côté de Jugeals.

Avec l’aide d’amis sûrs habitant les villages autour du Vaysse, il s’est occupé de toute la logistique (table, ustensiles de cuisine, couvertures,ravitaillement…)

Le camp a été occupé dès octobre 1943.

Les membres de ce groupe n’étaient pour la plupart pas Corréziens. Il y avait des réfugiés lorrains, un Polonais, un de Casablanca, un de la région lyonnaise ou des départements limitrophes (Dordogne…)

Monsieur Guérin, nom de code « Jo », n’était que de passage dans ces bois car il avait d’autres groupes sous sa responsabilté. Mais il était de toutes les sorties ou actions du groupe puisqu’il les encadrait. ( voir rubrique « historique« ).

Ci-dessous la carte d’identité FFI de monsieur Jo Guérin.

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Auguste Lauriac dit « Gut »

Monsieur Lauriac, membre depuis très longtemps de notre comité ANACR d’Objat, a bien voulu ajouter sa contribution à notre collecte de témoignages des Anciens Combattants de la Résistance, il y a quelques années. (voir rubrique « témoignages« ).

Il nous paraît intéressant de  mettre des extraits de son récit sur notre site après y avoir mis la page de l’annuaire de 1943 de Voutezac.(voir archives de juillet 2013). Nous comprenons grâce à lui pourquoi il y avait une délégation spéciale à la mairie pendant l’occupation. En effet, c’était son père qui était le maire depuis 1935 et qui le redeviendra pendant un temps après la guerre.

Auguste Lauriac, né en 1928, n’était qu’adolescent en 1943. Il n’était donc pas touché par le STO. Mais son père et son beau frère aidaient les maquis … la famille aussi.

Monsieur Lauriac lors de l'AG de février 2013

Monsieur Lauriac lors de l’AG de février 2013

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Ginette Raffy

Madame Raffy, doyenne de notre comité, nous a quittés le 9 août 2013.

Elle était née le 31 octobre 1922 à Lagraulière (19) . Mais c’est dans la commune de Louignac, en Basse-Corrèze qu’elle résidait pendant la guerre.

Lors de l’inauguration de la stèle des Marians, c’est avec un grand intérêt qu’elle avait lu l’histoire du groupe Jean Robert. Elle avait dit à ce moment-là qu’elle connaissait « Toutou« , André Briat, et avait accepté de témoigner en 2003. (voir dans « témoignages« )

Très modeste et méticuleuse, elle avait tenu à écrire ce qu’elle voulait lire au micro afin d’être sûre que ses paroles ne seraient pas déformées même légèrement. Elle nous a parlé de son « acte de résistance » sans vouloir se considérer comme une Résistante, nom qu’elle laissait aux combattants ou aux « légaux » comme ses grands parents.

Notre secrétaire nous fait passer ces mots personnels qu’il lui adresse:

« Ginette Raffy n’est plus. Dans notre comité ANACR, nous ressentons une nouvelle fois cette tristesse qui nous prend à chaque décès de l’un d’entre nous.

Pour Ginette, cette tristesse augmente et ravive ce pourquoi nous étions entrés en Résistance. Avec sa simplicité de coeur, son courage, sa ténacité à respecter la vérité historique, sa façon de se mettre en un retrait vigilant, elle nous incitait à la modestie. Nous aurons souvent l’écho de ses paroles encourageantes et apaisantes pour la poursuite du devoir de mémoire. Elle était une Résistante de l’ombre combien efficace.

Pour ma part, je reste fier de l’avoir connue et suis très peiné de sa disparition. Voilà l’âge qui avance, notre tour va venir…Adieu Ginette. »

Madame Raffy après la cérémonie de la Garédie en avril 2007.

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Témoignage de Madame Ginette Raffy (à lire en cliquant sur son nom)

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Monsieur Julien Brunerie (1920/2013)

Le comité ANACR d’Objat déplore la perte d’un de ses plus anciens membres, monsieur Janvier, Julien Brunerie le 29 juin 2013. Il était né le 19 octobre 1920.

Représentant notre comité ce 2 juillet, jour de l’inhumation, monsieur Henri Gounet, membre du conseil départemental de l’ANACR, a pris la parole pour dresser un rapide portrait de monsieur Brunerie. Voici un extrait de ce discours:

 » 1938- 1939: la mobilisation pour les armées d’une partie du personnel de « la fusion des gaz » va contribuer à faire travailler Julien dans ce qui deviendra par la suite « l’Electricité de France ». Il y restera jusqu’à la retraite. Il occupera des postes de responsabilté à Ayen et Objat. Julien, mon camarade de travail et de syndicat pendant dix ans.

Il faut rappeler que pendant les années noires de l’occupation allemande, Julien a rendu de bons services à la Résistance  de par sa connaissance du pays et des gens et grâce à ce métier qui lui permettait de circuler. Là encore nos chemins se sont croisés.

Puis il y a une trentaine d’années, nous nous sommes retrouvés dans la continuité de la Résistance au sein de l’ANACR… »

Ci-dessous la photocopie de documents que monsieur Brunerie avait donné au comité ANACR d’Objat en 1992 lors de l’exposition sur la Résistance réalisée par monsieur Gounet, présentée dans une salle de la mairie d’Objat et vue par les scolaires des environs.

A gauche, nous avons la convocation pour le STO dès le 24/09/1943; à droite, l’ordre de mutation à compter du 04/11/1943 pour rester à « la fusion des gaz », monsieur Brunerie ayant fait partie des réfractaires au Service du Travail Obligatoire.

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Cliquer sur le document pour le voir en entier.

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Claude Gauthier raconte

Précisions sur les évènements d’Orgnac données par Mr Gauthier en complément de son témoignage écrit à lire dans le livre de Mr Elie Dupuy « Le parcours d’un« terroriste » ordinaire » pages 123 à 126. [voir dans historique aussi sur ce site].

Interview réalisée chez Mr Gauthier, 87 ans, à Objat (avril 2013).

« Le 16 juin 1944, j’étais dans le pré situé près de notre maison du village de Rouffignac, commune d’Orgnac, en train de faire le foin avec mes cousins. Un voisin qui allait chercher son foin au bord de l’eau et qui avait vu que des gars du maquis étaient chez nous,  est venu taper à la fenêtre de la maison et a dit à mon père « Gauthier, les Allemands sont là ».  Mon père a pris la latte (long bâton servant pour faire avancer les vaches) et a cogné à la fenêtre en disant « Les gars, les Allemands sont dans le village. Sauvez-vous par derrière ». Les maquis sont passés par la chambre. Ils connaissaient bien la maison où ils venaient se ravitailler et se reposer. Ils sont sortis. Des Allemands sont entrés peu après et n’ont donc vu personne mais les Allemands restés dehors, les ont vu eux, et ça a commencé à tirailler.

Vue de la maison Gauthier prise en 2013.

Vue de la maison Gauthier prise en 2013.

Dans le groupe de maquis présents dans la maison à ce moment-là, il y avait Gerhard Leo, « le Rescapé » pour nous, David Jacques du bourg d’Orgnac, Jules et Gilbert.

 « Barnabé » et « Toutou » étaient repartis dans le Vaysse pour  redéposer dans une cache leurs armes qu’ils avaient avec eux au moment du repas et ils devaient revenir pour nous aider à faire le foin.

En coupant à travers le pré derrière la maison, les Allemands ont poursuivi les quatre fugitifs mais ils étaient éparpillés et les soldats ne pouvaient pas ajuster leurs tirs car ils auraient pu se blesser entre eux. Ils n’approchaient pas trop non plus des maquis car « le Rescapé » avait un très gros revolver. Il visait assez juste lui ; si bien qu’il a envoyé une balle dans le casque d’un soldat allemand. Après celui-ci me l’a montré en me disant « Terroriste, pan pan ! ». Heureusement pour nous qu’il n’a pas été tué ou gravement blessé. Sinon il y aurait eu automatiquement des représailles. C’est ce que nous a dit l’officier allemand plus tard. Les 4 garçons ont pu s’échapper.

Un soldat nous  a fait retourner vers la maison. Il nous a fait rentrer dans la grange. Mon père y était déjà retenu. Là, il y avait des soldats qui piquaient avec leurs baïonnettes  dans le foin pour voir s’il n’y avait pas des gens cachés dedans. Heureusement, ils ne sont pas montés dans la barge car il y avait là plusieurs couvertures que prenaient les gars du maquis pour aller dormir dans le foin certains soirs.

Vue actuelle de la grange

Vue actuelle de la grange

Enfin, ça s’est passé convenablement ce jour-là pour nous.

Malheureusement, pendant ce temps, Toutou s’est fait prendre en revenant du camp. Quand il s’est trouvé face aux Allemands, il s’est enfui mais il a pris la direction d’un champ de blé. Et c’est difficile de courir dans un champ de blé. On peut courir dix, vingt mètres mais après le blé se met dans les jambes. C’est ce qui lui est arrivé. Il a été entravé et les Allemands l’ont cueilli.  Barnabé a eu un meilleur réflexe ; il a pris le chemin vers le bois et a pu s’échapper.

Les Allemands ont ramené Toutou à Rouffignac, l’ont tabassé, l’ont fait parler. Ils lui ont demandé de les conduire au camp dans le Vaysse. Il les a amenés dans un camp mais volant où il n’y avait que des couvertures car ils y passaient parfois la nuit. Il a dû remonter avec tout ce barda et ils l’ont emmené avec eux à Brive.

Le 17 juin, ça a été la catastrophe. Les Allemands, peut-être une cinquantaine, sont revenus avec Toutou… et avec 2, 3 miliciens. Toutou a dit en arrivant : « Vous m’excuserez, j’ai parlé ». Car, sur lui, ils ont trouvé une lettre personnelle qui avait comme adresse notre maison. Il fallait bien que les maquis fassent adresser leurs courriers en quelque part. C’est pour ça qu’on disait « Gauthier, facteur du maquis ». Il n’avait pas détruit l’enveloppe comme il leur était recommandé.

Alors là, ça a été  la tarabustée pour tout le monde. Mon père a été défiguré. J’ai été tabassé et j’en ai encore des marques. Ma mère aussi. Ce sont les miliciens qui nous ont frappés. Il y en avait un d’Allassac qui venait régulièrement dans les bois vers chez nous pour faire de la litière de fougères. Il nous connaissait, il lui était arrivé de rentrer boire un coup. Aussi, il  est resté dans notre maison pendant que les autres miliciens et les Allemands faisaient la fouille des maisons du village. Ils ont raflé tout ce qu’ils ont pu chez Sagne, chez Comby, partout.

Ils ont emmené mon père et Toutou à Brive.

Le 18 juin, ils sont revenus sur la commune et là il y a eu du grabuge. Ils ont arrêté Clément Pichon, au Péage, ils ont arrêté Guy Pépy. Ca a été un désastre. Ils l’ont attaché par les pieds, ils l’ont traîné derrière une voiture de chez Pichon jusqu’à la carrière de la Chapoulie. Là, un officier allemand a dit « Les gars, assez. Ce qu’on a fait là, on pouvait s’en dispenser». Je sais tout ça de mon père qui était leur prisonnier depuis la veille et a vu tout ça. Guy Pépy était tellement amoché que l’officier lui a tiré une balle de revolver. Il lui a abrégé ses souffrances.

 Le 23 juin, je suis allé porter des vêtements de rechange à mon père prisonnier à Brive. Seulement, ils m’ont gardé. Deux jours après, ils ont relâché mon père. Leur but était de rafler le plus de monde possible en bonne forme pour les envoyer travailler en Allemagne. On était environ 80 à Brive dont G Comby, Dumas d’Orgnac… Ils nous ont gardé 3, 4 jours puis ils nous ont expédiés en direction de Dachau. Mais le camp de Dachau était archi peuplé. Ils n’ont trouvé ni endroit pour nous mettre ni vêtement pour nous habiller ni nourriture à nous donner et pendant 14 jours nous n’avons mangé que des biscuits que nous passait le secours national. De Dachau j’ai atterri dans un camp de travail nommé BRUCK an der MUR où je suis resté presque un an. Je travaillais avec Gaston Comby à décharger des wagons de charbon pour la fonderie Felten und Guilleaume. Il y avait plus de prisonniers que de travail à faire ici. On travaillait le matin et l’après-midi, on tournait en rond. Par contre, on n’avait vraiment pas grand-chose à manger! » 

Mr Gauthier est revenu voir les lieux en 2005 avec sa famille.

Mr Gauthier est revenu voir les lieux en 2005 avec sa famille.

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Hommage aux déportés au Saillant

Dimanche 21 avril 2013 a eu lieu la commémoration rendant hommage à la mémoire des personnes du village déportées le 15 avril 1944 au camp de Neuangamme et ce, devant la stèle érigée sur la place du Saillant de Voutezac.

IMGP3838bis                                                    Deux gerbes ont été déposées  puis Monsieur le maire de Voutezac, maître de cérémonie, a fait l’appel des morts pour la France dont le nom figure sur la stèle: Messieurs Borie, Chauzu, Lagueyrie, Freyssinet. Il a ajouté le nom de Monsieur Restoueix revenu de déportation et mort en 2005. Après la minute de silence suivie de la sonnerie aux morts, la parole a été donnée au président de notre comité qui a rappelé l’importance de l’existence de cette Résistance pour l’avenir de la France dès 1945 et  jusqu’à nos jours.

L’intervention de monsieur Peyramaure, maire, a été émaillée de souvenirs recueillis auprès des anciens habitants du Saillant ainsi que de citations littéraires. Il y a eu ensuite l’écoute du Chant des partisans suivi de la Marseillaise et des remerciements à la vingtaine de porte-drapeaux.

Présente comme tous les ans à cette émouvante cérémonie, madame Monteil, très connue au Saillant, a bien voulu nous confier, afin que nous le mettions sur notre site, le texte qu’elle avait écrit à la demande du maire de Voutezac, texte lu par ce dernier en avril 2011.

 » Nous sommes dans la nuit du samedi 8 avril 1944. Soudain la devanture du réparateur de vélos jouxtant notre domicile vole en éclats, suite à une violente explosion. S’agit-il d’une bombe, Mais pourquoi? Vengeance? Manigance? Qui est à l’origine?

Dans la matinée du dimanche, la gendarmerie d’Objat se rend sur les lieux pour enquêter. Le lendemain, lundi de Pâques, les gendarmes d’Objat sont de retour afin de poursuivre l’enquête. On remarque un jeune prénommé Serge. Agé de 17 ans, il est arrivé au Saillant voici quelques semaines, en provenance de la région parisienne. On le voyait régulièrement traîner dans le village, participant aux travaux agricoles. Il passe et repasse, regarde avec insistance les gendarmes qui lui crient : « Tire-toi de là ». Les gendarmes intrigués par ses incessants aller-retour se décident finalement à l’interpeller. Il a réussi sa démarche. Il est conduit à la gendarmerie d’Objat et le soir même sera transféré à l’hôtel Terminus à Brive où est hébergée la Kommandatur. Très vite, on comprendra que le jeune Serge n’était pas en villégiature au Saillant par hasard, il deviendra la pièce maîtresse de cette opération d’envergure mise en place par les Allemands.

Mercredi 12, des tractions arrivent d’Objat par la Sauvezie avec à bord des Allemands et des miliciens et s’arrêtent devant le café Lascaux. Serge est avec eux, il connaît bien les lieux. En passant, je l’entends déclarer: « Il n’en est pas ». Il avait dressé la liste des Résistants qu’il fallait arrêter. Le fils de la propriétaire se sauve dans les bois avec deux amis. La propriétaire est arrêtée.

Samedi 15 avril, le temps est couvert, il est 6h40; le village est désert. Rien d’anormal ne semble se préparer. Soudain à 7h, un vacarme épouvantable se fait entendre. Des camions allemands envahissent le village; le Saillant est cerné. Les Allemands avec les miliciens pénêtrent dans les maisons, font sortir les habitants et les conduisent dans le parc du château. Les interrogatoires, les menaces, les insultes se succèdent; les Allemands cherchent des maquisards, n’en trouvent pas. J’entends Serge déclarer: »Ils ne sont pas ici. » Ma mère et madame Val sont conduites dans le parc du château. Là, elles retrouveront près de 300 personnes, hommes ,femmes, enfants, qui ne comprennent pas les raisons de cette intervention. Elles reconnaissent Serge, le jeune indicateur au service des Allemands; c’est lui qui décide du sort des prisonniers. Pendant ce temps, les maisons sont toutes visitées, pillées; l’épicerie familiale est saccagée. Ils cassent, détruisent tout ce qu’ils ne peuvent pas emporter. Les lentilles, haricots blancs, café, vendus en vrac à cette époque, sont renversés dans la boutique. Le coin mercerie est dévalisé. Chez moi, je n’ai vu que des miliciens intervenir. C’est un Allemand qui est venu les chasser. En sortant, il m’a regardée et dit « Moi, fille comme vous en Allemagne. » Quels étaient ses sentiments à ce moment-là? Que ressentait-il?

Au moment de leur départ, j’aperçois un lance-flammes devant le café familial, prévu au cas où…

A 11h30, les portes du château s’ouvrent et un convoi de camions quitte le parc. J’aperçois ma mère les yeux bas, le regard malheureux, pensant ne jamais revoir ses enfants. Je reste avec ma grand-mère, mon petit frère et ma soeur. J’ai 17 ans.

Les otages sont conduits à Tulle, enfermés à l’école de Souilhac, puis à l’hôtel Saint Martin, siège de la Gestapo.

La semaine suivante, par le train, je suis allée chercher ma mère à Tulle, libérée après avoir réglé une amende conséquente. Une amende pourquoi? Je n’ai jamais trouvé de réponse à mes interrogations.

Nous n’avons jamais su ce qu’était devenu le jeune Serge, espion traitre venu de la région parisienne. »

Madame Monteil

Madame Monteil

 

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un épisode de sang-froid et de bravoure

Monsieur Gounet est allé voir madame Veysseix, petite fille de monsieur Roulet, ancien combattant de la guerre 1914/1918, médaillé militaire, croix de guerre avec palme, chevalier de la légion d’honneur.

 Il voulait se faire confirmer ce que lui avait raconté la fille de monsieur Roulet, il y a de cela de nombreuses années:

Copie de IMG_0002« Le 8 avril 1944, les Allemands et les miliciens traquaient les maquisards du groupe Jean Robert dans le Vaysse.

Ils ont arrêtés deux habitants de fermes voisines. Au bois de Pény, ce fut monsieur Aimé Mazeaud qu’ils ont forcé à les conduire à la gare du Vaysse. Au Renardin, ce fut monsieur Jean Roulet. Ces deux hommes furent amenés devant le mur de la Garédie, là où a été érigée ensuite, en 1986, la stèle dédiée au maquis Jean Robert.

Que voulaient-ils faire d’eux ? Sans doute les fusiller. Monsieur Roulet était un ancien de la guerre de 1914/1918 et celà se voyait avec son bras amputé. C’était un homme qui forçait le respect. Après l’avoir interrogé, impressionné, le lieutenant allemand décida de le renvoyer chez lui.

Monsieur Mazeaud fut conduit pour interrogatoires à Brive, Tulle puis Limoges et finalement fut renvoyé  chez lui. »

Les grands parents de madame Veysseix, monsieur et madame Roulet,  lui ont aussi raconté que Mario, lors des ravitaillements qu’il venait chercher chez eux, avait dit qu’en cas d’attaque  de leur camp, il ne tirerait pas car il ne voulait pas risquer des représailles contre ce village ami des Résistants. Le 8 avril 1944, de garde à l’entrée du camp de maquisards,  Mario a tiré en l’air pour avertir ses compagnons de l’arrivée des Allemands…et il a reçu en retour une balle dans le front.  

M et Mme  Roulet, vingt ans après ces évènements.

M et Mme Roulet, vingt ans après ces évènements.

 

 

                           

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Henri Gounet dit Ledur

Henri Gounet est né le 11 mars 1927 à Clermont-Ferrand. Orphelin de père très jeune, il vient habiter chez ses grands parents à Vignols (19).

H Gounet en février 2013 tenant dans ses mains la médaille du cinquantenaire commémorant des Résistants

H Gounet en février 2013 tenant dans ses mains la médaille du cinquantenaire commémorant des Résistants

Bien que trop jeune pour être touché par le STO, il vit chez des « légaux » et naturellement aide les maquis près de chez ces fermiers.

 Il raconte quelques-uns de ses souvenirs dans  nos « témoignages« 

 

 

 

 

 

 

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