[Félix Sage a été enregistré chez lui à Objat en 2004]
– Qu’est-ce qui vous a conduit à la Résistance ?
« Je suis rentré dans la Résistance le 1er mai 1944 dans le groupe « Greco » (Cantal) J’avais 18 ans. (Je suis né en juillet 1926 à Objat). Du 30 mai au 30 octobre 44, j’ai eu le grade de caporal.
Mon frère aîné était parti au maquis. Mon père m’a envoyé chez mes grands parents à la Chassagnie dans le Cantal pour me protéger éventuellement. Là, j’ai pris le maquis avec le groupe « Gréco » du nom de guerre du fondateur du camp, Arthur Jean Athènes. (alias le capitaine Gréco). Mes parents ne le savaient même pas.
Le groupe comprenait une vingtaine de personnes. J’étais armurier du groupe. Je nettoyais toutes les armes que nous avions en dépôt. Nous avions bénéficié de plusieurs parachutages. Nous avions aussi beaucoup de postes émetteurs récepteurs.
II y avait des mitraillettes, des pistolets parabellums et des fusils mitrailleurs que nous avions piqués dans des gendarmeries. Nous étions bien armés. Nous avons envoyé des munitions et des vivres aux camps de la Margeride et de Nérone dans le Cantal.»
– Quelles sont les principales actions auxquelles vous avez participé ?
«II y a eu des actions pour couper les voies ferrées et contrôler l’usine électrique, pour désarmer la brigade motorisée de la région de Riom-ès-Montagnes. Nous faisions les liaisons entre différents groupes. L’équipe « Gréco », dans la région de Riom-ès-Montagnes, s’est mise à la disposition de toutes les unités des FFI, pour pourvoir à leur ravitaillement et faciliter toutes missions de liaison ou de sabotage.»
– Une mission qui vous a plus particulièrement marqué ?
« On allait chercher des munitions et du ravitaillement avec un camion, de nuit bien sûr. J’étais chargé de faire le guet à deux ou trois kilomètres de là J’avais un fusil mitrailleur. Les Allemands sont venus à 5 mètres de moi. J’attendais qu’ils approchent encore avant de tirer. Ils ont fait demi-tour et ne m’ont pas vu. J’ai eu peur, je n’avais que 17 ans et demi.
Une autre fois à Riom-es-Montagnes, il y avait une réunion des chefs du maquis. Un groupe de Résistants était poursuivi par les Allemands. Ceux-ci sont rentrés dans la ville de Riom. II a fallu se sauver. J’ai sauté par-dessus un mur de plus de 3 mètres Je suis parti dans les égouts. J’ai eu de la chance.
2 Chefs et un gars de la Résistance ont été tués cette nuit là.
– Une anecdote rapportée par madame Sage :
«Ils sont allés déterrer des cadavres de Résistants fusillés à côté de Chaudes-Aigues, des garçons que ma famille et moi connaissions et que les Allemands avaient fait enterrer là. C’était à la Libération.
A la Margeride, les villageois ont souffert, ils ont subi des représailles terribles.
Je n’ai fait la connaissance de Félix qu’après la guerre.
II n’a pas beaucoup raconté. »
Une photo de monsieur Sage en 1945.
Décoration : Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze.
Monsieur Sage, né le 11.07.1926 est décédé le 09.10.2011 à Objat. ( voir archives de décembre 2012)
Réalisé par Mme MAURY