LES EVENEMENTS DU 16 JUIN AU 19 JUIN 1944
Descente des Allemands sur la commune d’Orgnac, ainsi qu’à Ceyrat, commune de Voutezac :
Arrestations, tortures et exécutions se succèdent.
Le 16 juin, les Allemands encerclent le village de Ceyrat, parquent la population dans un pré et fouillent le village ; un jeune, Guy Larivière, qui portait du ravitaillement au groupe Jean Robert caché maintenant sur la commune d’Orgnac, est arrêté. Il sera déporté.
Le 16 juin, au cours d’une opération menée par les Allemands dans la région de Ceyrat, de Voutezac, d’Orgnac, Gerhard LEO, dit « Rescapé » est blessé.
Un autre membre du groupe est fait prisonnier. (Monsieur André BRIAT, nom de guerre « Toutou »).
Témoignage de Madame Ginette RAFFY (80 ans en octobre 2002) :
« J’avais rendu visite à Salon la Tour à mes cousins. C’était jour de batteuse. Le soir, les jeunes de Salon ont décidé de danser dans la grange en terre battue. Pas difficiles les jeunes en ce temps-là où les bals étaient interdits. J’allais donc avec eux. Un jeune accordéoniste, très sympathique, vraiment bon musicien, était là. Son nom de code était « Toutou ». Polkas, valses, tangos se succédaient à un rythme endiablé. Il y a même eu le « pélélé » que je dansais pour la première fois. En Basse – Corrèze où j’habitais, cette danse était inconnue.
Vers 1990, j’entrais au comité de l’A.N.A.C.R. d’Objat. Lors d’une cérémonie du souvenir à la Garédie, j’ai eu la surprise d’entendre son nom dans la liste des maquisards morts du groupe « Jean Robert ».
Je savais qu’il avait été fusillé mais je ne pensais pas retrouver sa trace si proche d’Objat. Sa famille habitait Tulle. »
Témoignage de Monsieur Gerhard LEO extrait de son livre « Un Allemand dans la Résistance » (p297, 298) :
De retour à La Chapoulie, le 19 juin, un Résistant lui apprend le décès de Toutou.
«Oui. Toutou. Il voulait sans doute éviter d’être pris sous le feu de la mitrailleuse. Au lieu d’aller vers la forêt, il a essayé de se cacher dans un champ qui n’avait pas été encore moissonné. Une patrouille de SS l’a pris. Ils l’ont ramené à La Chapoulie et horriblement battu. Ils voulaient qu’il les conduise au camp. Il a refusé. Ils l’ont emmené près de Rouffignac. A l’issue d’un interrogatoire, un sous-officier lui a tiré une balle dans la nuque. Les SS ont laissé son cadavre sur la place du village. »
« Toutou, notre joyeux Toutou, toujours prêt à rendre service… D’abord Michel, maintenant Toutou. Notre petit groupe de huit FTP avait perdu deux hommes en quelques jours… »
Arrestation de Monsieur Guy LARIVIERE.
Extraits du témoignage enregistré par Radio P.A.C. en 1993 de Monsieur Guy LARIVIERE:
« On était trois. Un motocycliste est arrivé. Il m’a arrêté et a laissé partir les deux autres… Ils m’ont emmené au milieu d’un pré à La Chapelle (commune de Saint- Solve) où d’autres personnes étaient parquées. Ils m’ont fait déshabiller, moi seul ! Au bout d’un moment, ils m’ont fait rhabiller et m’ont ramené chez moi. Il y avait ma mère et mon grand-père…
Ils ont secoué ma mère et moi puis m’ont emmené au 126* à Brive.
(*Caserne du 126ème régiment d’infanterie). C’était le 16 juin.
Le 17 juin, nous avons été emmenés au « Terminus*» et tabassés.
(*Hôtel Terminus, face à la gare de Brive, siège de la Gestapo)
Le surlendemain, expédition à nouveau dans le maquis. Nous étions quatre dans la cellule. Au retour, nous avons été cognés à nouveau. Je suis le seul survivant de ces quatre.
Trois jours après, ils ont emmené Monsieur Gauthier d’Orgnac, salement arrangé, boursouflé.
Cinq jours après, encore d’autres nouveaux dont Monsieur Comby d’Orgnac qui a été déporté et Alexis Dumas… Un jour, nous sommes partis en Allemagne, à Dachau en passant par Bordeaux, Marseille, Cologne, Munich… Je suis resté trois semaines là, puis j’ai travaillé dans une fonderie en Allemagne… »
Le groupe « Jean Robert » quitte le Vaysse.
Témoignage de Monsieur Claude GAUTHIER (18 ans en 1944) :
« Après les événements d’Orgnac (Juin 1944), il est décidé de déménager le matériel du dernier camp vers la Vézère. Il y avait deux grosses cantines à transporter au point de ralliement : « Les Friches de Jammet » route de Pommier, commune de Voutezac. (voir carte page 9)
Ce sont deux Géorgiens, deux vrais géants, qui chargent les paquets sur le charreton tiré par « Margot » notre ânesse, conduite par moi. Il a fallu traverser la route principale entre deux colonnes nazies !
Cette mission s’est quand même déroulée sans problème !… »
M Gauthier de retour du camp
« Le 16 juin 1944, il y a une descente des Allemands sur le village de Rouffignac, suite à une dénonciation. « Le Rescapé » avec Jules R, Gilbert X et Jacques D sont à table à la ferme de chez Gauthier. Ils s’enfuient par la fenêtre tandis que les premiers motocyclistes arrivent.
Une fusillade se déclenche dans le pré. « Rescapé » se blesse à la cuisse en enjambant un fil de fer mais arrive à un bois touffu d’où il tire sur les Allemands avec un revolver de gros calibre. Il sauve ainsi ses camarades.
Ce jour-là, « Toutou » se fait prendre. Son camarade « Barnabé » s’échappe… Les Allemands et les Miliciens pillent le village et emportent de chez Gauthier deux fournées complètes de pain blanc confectionnées par « Blazy » maquis et boulanger du groupe « Jean Robert ».
Le lendemain, « Toutou » affreusement mutilé a parlé sous la torture. Les Allemands reviennent et nous passent « à tabac ». Mon père est arrêté ainsi que Clément Pichon du Péage, tapé aussi par des miliciens ainsi que Guy Pépy qu’un Allemand abat pour abréger ses souffrances. A La Rivière d’Orgnac, Messieurs Rabe, père et fils sont fusillés ainsi que « Toutou ».
Le 19 juin, jour de l’enterrement des quatre fusillés, les Allemands et, hélas, encore les Miliciens, reviennent. Il y a passage à tabac et arrestation : Gaston Comby, Alexis Dumas…
Le 23 juin, c’est mon tour d’être arrêté, interné à l’Hôtel Terminus à Brive.
Le 25 juin, nous sommes quatre-vingts à partir, déportés à Dachau, tous originaires d’Orgnac, Voutezac, Estivaux… Mon père a été libéré le 27 juin. »
Louis Gaston COMBY meurt en déportation.
Le 19 juin 1944, les Allemands et les Miliciens font à nouveau irruption à Orgnac. Ils passent « à tabac » Gaston Comby et Alexis Dumas.
Ils sont transférés et internés à Brive (Hôtel Terminus et Caserne du 126ème Régiment d’Infanterie).
Monsieur Comby est condamné à la déportation. Il décédera au cours d’un bombardement aérien dans le camp de BRUCK en Autriche.
Acte de décès de Mr Louis Gaston Comby
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